Octobre 2020 à Juin 2021
Ahmadou SEHOU est de nationalité camerounaise. Il est enseignant-chercheur en histoire politique et sociale à l'Université de Maroua. Ses travaux portent sur l'histoire de l'esclavage, de la traite et de leurs mémoires dans les contextes africains, atlantiques et islamiques. Il est auteur de plusieurs articles et chapitres d'ouvrages publiés et d'un essai politique intitulé Cameroun, l'opposition en panne : autopsie critique et propositions de relance. Il participe au projet européen Slavery in Africa: a dialogue between Europe and Africa (Slafnet-RISE H2017-2020). Il est membre associé de l'Association internationale les Anneaux de la Mémoire avec laquelle il a mené plusieurs études sur le tourisme autour des sites de mémoire. Il est membre du Centre Africain de Recherche sur les Traites et les Esclavages (CARTE-UCAD/Dakar) et fondateur-cordonnateur du Centre d'Etudes et de Recherches Pluridisciplinaires sur l'Esclavage et la Traite en Afrique (CERPETA-Cameroun).
Esclavages et traites dans l'espace camerounais (XVe - XXe siècle) : dynamiques internes, connections externes et enjeux mémoriels
Ce projet de recherche porte sur l’histoire de l’esclavage et des traites dans l’espace camerounais, cette région qui se découpe dans un triangle qui va de la côte atlantique au lac Tchad et à l’Oubangui, entre le XVe et le XXe siècle. Son originalité réside dans l’expérience vécue de la traite interne et de ses connexions aux traites exportatrices, via l’Atlantique par le sud et via le Sahara par le nord. Elle ambitionne de mettre en exergue un espace de front et de frontières esclavagistes qui a alimenté toutes les autres traites. Il inverse la dynamique de lecture de l’esclavage et des traites, jusque-là faite à partir des exutoires côtiers, pour restituer et resituer les lieux d’origine, là où s’opèrent et s’élaborent les stratégies locales du système, avant leur inscription dans les réseaux et circuits marchands. Il intègre également des aspects plus contemporains sur les survivances et les enjeux de valorisation, à travers l’identification du patrimoine et des héritages liés à ce passé, l’irruption dans la sphère publique des mémoires conflictuelles, le télescopage ou la superposition entre mémoire de l’esclavage et mémoire coloniale sur certains sites symboliques. Le Cameroun d’aujourd’hui apparait ainsi comme un laboratoire pour (re)penser le système esclavagiste dans son ensemble à travers l’héritage d’une histoire aussi bien interne qu’internationale, enjambant l’Atlantique et le Sahara, mettant en relation l’Afrique, l’Asie, l’Europe et les Amériques ; enfin les fragilités sociopolitiques actuelles et la crise sécuritaire des Etats postcoloniaux tels que le Cameroun, le Tchad, la RCA et le Nigeria, héritiers d’un habitus commun de violences esclavagistes, de désintégrations politico-ethniques et de surrections régulières d’extrémismes religieux, sur fond d’abandon des marges ou des périphéries par les pouvoirs centraux.