Au cœur de la ville
Bien qu’il soit situé en bord de Loire et totalement préservé des bruits de la circulation, l’Institut n’en est pas moins au cœur de la ville.
Situé à 5 minutes à pied de la gare SNCF reliant Paris en 2h, il est également à proximité immédiate du centre-ville, favorisant la découverte de la ville au gré des promenades. Les manifestations culturelles et scientifiques de Nantes et de la région sont portées à la connaissance des résidents. A l’inverse, l’Institut s’ouvre au public nantais qui peut notamment profiter de conférences et de rencontres organisées au fil de l’année.
L’Institut d’études avancées de Nantes a accueilli sa première promotion de chercheuses et chercheurs résidents en janvier 2009.
Toutefois, l’Institut structuré en fondation a été précédé par un Programme d’études avancées qui a permis dès 2005 d’inviter à Nantes de nombreuses personnalités scientifiques pour des séjours de quelques jours ou de quelques mois.
Le quartier : Malakoff, Marcel Saupin et EuroNantes
Aux portes du quartier Malakoff, et situé entre la Loire, le stade Marcel Saupin et le canal Saint-Félix, l’Institut d’études avancées s’inscrit dans le programme de requalification EuroNantes.
Celui-ci, en plus d’établir un pont entre Malakoff et le centre-ville de Nantes, a créé un quartier d’affaires et économique d’envergure européenne. Premier Institut d’études avancées créé en France (2009), l’IEA de Nantes, ainsi que la Maison des Sciences de l’Homme (MSH), participent à faire de ce quartier un pôle urbain dynamique, varié et international. Le programme EuroNantes comprend des logements, des commerces et de nombreuses entreprises : autour de la gare de Nantes, on trouve par exemple le siège social du Crédit industriel de l'Ouest, le siège de Nantes Métropole, la Cité internationale des congrès ou la direction régionale de Capgemini.
La création de l’Institut est intervenue dans le cadre de la rénovation du stade nantais iconique Marcel Saupin. Cher aux fans de football et de rugby, le stade Marcel Saupin a accueilli les grandes batailles et victoires de l’équipe de football nantaise pendant plus de 20 ans et fut l’un des lieux dans lequel s’est écrite l’histoire du football français. En avril 1984 pourtant, il cède la place à la Beaujoire, construit pour le Championnat d’Europe, plus moderne et plus grand. Tombé en désuétude, des travaux de rénovations et de requalifications doivent être envisagés. S’ensuit une bataille politique et sociale pour la survie du stade historique jusqu’en 2005, date à laquelle Nantes Métropole passe le premier appel pour une étude de redéfinition avec parmi ses préconisations la sauvegarde du stade et de sa tribune nord « en mémoire de la gloire passée du stade Marcel Saupin, lieu symbole de l’esprit sportif ».
Dans cet appel, Nantes Métropole et Nantes Aménagement insistent sur l’importance pour ce projet de requalification de renouveler l’identité tout en conservant l’esprit du lieu. La création du bâtiment abritant l’Institut d’études avancées et la Maison des Sciences de l’Homme fait partie du projet dès son origine : en se dotant de locaux dédiés à la recherche en sciences humaines et sociales, la ville souhaite être repérée comme ville pionnière de la recherche nationale. Ce programme permet donc à la fois de célébrer l’histoire nantaise et son patrimoine, de dynamiser un quartier en désuétude et d’ouvrir une voie vers le centre-ville au quartier Malakoff.
Le bâtiment
La requalification du stade Marcel Saupin, à défaut de ne pouvoir conserver toutes les tribunes, exigeait qu’elle ouvre au regard l’intérieur du stade mythique, sa pelouse, son secteur et attirer ainsi les Nantais à s’approprier ce nouveau lieu.
Le projet retenu, proposé par les architectes FGP Jacques Ferrier, Philippe Gazeau (cf. portfolio pp. 324-342)et Louis Paillard, fait donc la part belle aux ouvertures : les angles sont dégagés, la tribune nord elle-même est allégée, l’allée sur berge est agréablement aménagée pour inviter au passage.
Le bâtiment doit contenir la Maison des Sciences de l’Homme (CNRS-Université de Nantes), l’Institut d'études avancées (fondation privée reconnue d’utilité publique), un hôtel et les logements pour les chercheur.euses accueilli.es à l’Institut. Cet ensemble demandait donc une construction d’ampleur.
En 2009, à la fin des travaux, on découvre un bâtiment ajouré, reconnaissable immédiatement, aux façades tournées vers la Loire dont les pare-soleils imitent, dans leur alternance de bleu et d'orange, les éclats de lumière sur la surface de l’eau. Le bâtiment a été pensé pour être peu énergivore : les installations thermiques, les pare-soleils, le jardin suspendu, les toits végétalisés participent tous à leur manière à réduire les dépenses énergétiques.
À l’intérieur, les espaces sont divisés entre la MSH et l’Institut d'études avancées mais prévoient également des espaces partagés (rez-de-chaussée, amphithéâtre, bibliothèque) afin de créer des ponts organiques entre les chercheur.euses nantais et internationaux. De nombreuses terrasses, de grandes baies vitrées longées d’un bastingage, un jardin suspendu en fond un espace ouvert sur l’extérieur et qui donne l’impression d’être à bord d’une embarcation qui vogue sur la Loire. Le fleuve y est omniprésent : symbole de la ville et son histoire, il inspire les échanges d’idées tenus à l’IEA et ouvre sur le monde.
L'architecte
Jacques Ferrier est l'architecte mandataire du projet Saupin/MSH/Institut d'études avancées.
Il crée son agence à Paris en 1993. Il a depuis été fait Chevalier des Arts et des Lettres en 2005 puis Chevalier de l’ordre national du Mérite en 2009. Il a également reçu de nombreuses récompenses pour son travail d’architecture et d’urbaniste dont l’American Architecture Prize 2017, l’International Architecture Award 2018 et le Trophée Eiffel architecture d’acier 2018 pour le siège de la Métropole de Rouen Normandie et le Trophée Bois Ile-de-France 2018 pour le parc aquatique Aqualagon, pour lequel il reçoit également l’Architecture Masterprize 2018.
Jacques Ferrier est professeur des Écoles d’Architecture et poursuit également des recherches autour de la notion de « ville sensuelle » qu’il a développé avec son associée Pauline Marchetti lors de leur création du pavillon français à l’exposition universelle de Shanghai en 2010.
De cette association naîtra leur agence Ferrier Marchetti Studio. Suite au succès de leur expérience à Shanghai, ils créeront ensemble le Sensual City Studio, un laboratoire de recherche en prospective architecturale et urbaine, qui continue de nourrir le travail de leur agence à ce jour.
Jacques Ferrier et Pauline Marchetti placent l’humain au centre de cette réflexion et s’ouvrent à différents domaines intellectuels plus éloignés de l’architecture tels que la littérature, le graphisme, la sociologie et la philosophie. Ils élaborent une pensée de la ville, de l’architecture et de l’urbanisme en prise avec le réel dans laquelle ils favorisent l’utile et l’existant à l’idéalisation d’un futur théorique qui produit des architectures sans lien avec l’émotion des habitants. Ils remettent en question la prédominance de la technique : la technique est devenue la maîtresse de l’architecture, plutôt que sa servante et, défendent-ils, n’accepte plus de se remettre en question. Ce faisant, ils proposent de reprendre en considération les relations sentimentales qu’ont les habitants avec leur ville pour créer des lieux de vie plus humains.
Bibliographie disponible ici.