Charles-Didier GONDOLA

Poste

Histoire, Indiana University - Purdue University Indianapolis, USA
- Lauréat EURIAS

Discipline
Histoire
Pays
Etats-Unis
Charles-Didier GONDOLA
Ressources

Projet de recherche : «Cowboys sous les tropiques : jeunesse, culture populaire et masculinité à Kinshasa à l’ère coloniale»

Dans les années 1950, une certaine idée de l’»Ouest» (américain) a balayé les townships africains de Kinshasa comme un feu sauvage. Ce phénomène a influé la socialisation des jeunes, la construction de la masculinité, l’émergence des cultures populaires, et même l’évolution politique du Congo.

Au cours de la décennie tumultueuse de la décolonisation du Congo, plusieurs bandes de jeunes, qui s’appelaient eux-mêmes les Bills (comme dans Buffalo Bill, leur héros éponyme), se sont formées dans la plupart des cantons de Kinshasa, en particulier dans les franges les plus reculées de la capitale tentaculaire. Ils avaient une chose en commun, leur fascination pour les films de cow-boy, qui étaient devenus l’industrie de base dans les salons de film de fortune à travers les cantons de Kinshasa. Classiques scènes d’attaques indiennes, luttes internes parmi les pionniers, reparties paillardes, plaisanteries grivoises, personnages féminins exubérants qui, néanmoins, sont en proie aux hommes lubriques, des histoires de trahison et de bravades, des méchants et des héros qui s’affrontent dans la frontière du non-droit, sont quelques-unes des scènes qui infusaient l’indiscipline dans l’esprit de ces jeunes spectateurs et les invitaient à rejouer dans les régions tropicales l’effervescence et l’agitation de l’Ouest américain.

L’un des principaux objectifs de ce projet est de démontrer que l’étude des cultures populaires peut éclairer la façon dont les changements sociaux systémiques se produisent, comment les cultures de masse sont utilisées pour définir une politique, et comment ils peuvent finalement être cooptés par l’Etat pour aider à maintenir le statu quo politique et social. Mon projet est aussi ancré sur l’hypothèse que la masculinité est une construction sociale, normative, et multiforme qui a permis aux sociétés de créer et de contrôler les frontières entre les différents espaces de genre et de générations.