16 novembre 2022 - 11 janvier 2023
Attentive à l'inconnu, Émilie Allard crée des ensembles à partir d'une variété d'informations issues de son environnement. Par parenté formelle ou liés par la pensée, elle les assemble en fratrie visuelle. Il en émerge une douceur crue faisant le pont entre destruction et construction. Le travail d'Emilie Allard est électrisé par l'absence de certitude à laquelle l'humanité est confrontée.
Elle regarde à travers le prisme du lien, de la limite et de l'expérience subtile et continue des mutations de la perception. Ce faisant, elle puise de l'inspiration dans les discours psychanalytique et philosophique et des voix féminines telles que celles d'Annie Ernaux, de Louise Glück ou d’Anne Carson. Ce qui se retrouve dans l'espace oscille entre possibilités limitées de la matière et charge signifiante des objets. Vertige, sculpture, mots, photographie et dessin sont ses outils de travail.
Artiste et poète, Émilie Allard détient un baccalauréat en design graphique de l'Université du Québec à Montréal (2015) et est candidate à la maîtrise en sculpture de l’Université Concordia (2023). En plus de sa pratique individuelle, elle a collaboré avec des chorégraphes pour créer des projections vidéo et a fait partie d'un collectif multidisciplinaire. Son travail individuel et collectif a été présenté à plusieurs reprises, notamment au Festival international de littérature, à Tangente, à Arsenal art contemporain, à Espace Projet et à la Maison de la culture du Plateau.
https://emilieallard.com/physique
photo de l'artiste Heewoong Jin
Allard, Émilie, Carbone scopique, Le lézard amoureux, 2021, 90 p.
Un passé et un présent sont en marche vers leur couplement : Carbone scopique offre une expérience concentrique parfois incantatoire, parfois aride, ferme, féconde ou réelle. Un rassemblement où les impressions mattes se joignent au désir ébloui, à l’hypothétique, aux chutes et aux attrapées pour de lents mouvements gravitationnels. Représentations, sens, vertiges, relations, ambiances, décors et souvenirs sont appelés à se rassembler autour d’une force d’attraction floue, qui s’avère être un vide, apparenté à la mort, mais qui au lieu de déposséder le corps, s’y installe. Dans ces poèmes, chaque révolution est marquée par le dépôt d’une couche de leurs sédiments qui révèlent graduellement la forme du plancher curieux sur lequel ils tiennent.
comment s’établir dans un schéma lisse
s’il n’y a nulle part d’où ça vit
sauf de l’organe de l’éblouissement
c’est grillé
si le mercure sévit
le pli du dossier des complexes
glisse sans contremarche
notre vérité n’était pas facultative
ni parages ni sexe n’amèneraient de repos
alors pourquoi étions-nous fille fille ligne droite en joual de perfection