Janvier à Mars 2019
Keith Hoskin est actuellement professeur de comptabilité à la Birmingham Business School, et professeur invité à la Business School de l’université de l’Essex. De 1999 à 2011, il fut professeur de stratégie et de comptabilité à la Warwick Business School, après avoir été professeur de comptabilité à l’école de gestion de l’Institut des sciences et technologies à l’université de Manchester (1996-99). Il a donné de nombreuses conférences notamment en Grande-Bretagne. Il fut également professeur invité dans de nombreuses universités, notamment l’université de Californie à Berkeley, la Case Western Reserve University, l’université de Venise et l’université de Bologne. En 1995-1996, il bénéficia d’une bourse de recherche et d’enseignement de l’université de Manchester.
En 2001 et 2008, il fut membre du groupe d’experts pour la comptabilité et la finance du Research Assessment Expertise (RAE) du Royaume-Uni. De 2008 à 2010, il fut le président de la Conférence des professeurs en comptabilité et finance du Royaume-Uni. Il a également occupé diverses fonctions administratives au sein des universités et il possède une longue expérience d'examinateur externe pour l’évaluation de programmes d’enseignement et de doctorat. Il a également été membre du conseil d’apprentissage et de perfectionnement professionnel de l’Institut des experts-comptables d’Angleterre et du Pays de Galles (1998-2007). La British Accounting Association lui a décerné son prix 2011 distinguant les meilleurs chercheurs en comptabilité.
Ses recherches et publications portent principalement sur l’étude historique et théorique de la comptabilité, de la gestion et de la stratégie. Elles visent théoriquement à (i) développer une meilleure compréhension de la fonction comptable pérenne de qualification et de calcul et des formes historiques qu’elle a prises, et (ii) comprendre les liens entre les formes changeantes de cette fonction et les modes « d'action sur les actions des autres », en particulier celles dites de « management » et de « planification ». L'objectif poursuivi est de bâtir un nouveau cadre historico-théorique pour conceptualiser la gestion et la comptabilité au-delà des présupposés fondant l'économie moderne et les autres sciences humaines.
Nommer et compter : la comptabilité comme forme de vérité de l'ancienne Mésopotamie au monde moderne des savoirs.
Les vastes recherches menées par Keith Hoskin couvrent à la fois les disciplines et les frontières entre « les arts et les humanités et les sciences humaines. » Elles visent à développer le genre d'analyses développées par Michel Foucault et, dans une moindre mesure, celles avancées par Erwin Panofsky.
Keith Hoskin propose en particulier un travail critique sur la manière dont les pratiques modernes de gestion par la comptabilité se sont développées d’une manière similaire dans le cadre de la « gestion gouvernementale » de l'État et la « gouvernance » de l'entreprise moderne, à l’organisation complexe et maintenant de dimension transnationale. Cela implique à la fois une relecture serrée de l’histoire d’épisodes clés du développement américain de la gestion moderne, pour identifier précisément les formes nouvelles de gestion et de comptabilité développées par les diplômés de West Point/pionniers du management moderne, ainsi que l’écriture d’un livre sur l'histoire générale de la naissance de l’entreprise moderne et la gestion « gouvernementale ».
Le deuxième axe de travail concerne la nécessité de repenser l’analyse du discours, et en particulier l’analyse du discours organisationnel, au-delà de la prédilection aujourd’hui pour le « discours et le texte », point de vue qui n’accorde pas encore toute l’attention aux rôles joués par les énoncés « non-glottographiques », dont le premier exemple fut la comptabilité sur tablette d'argile de l'ancienne Mésopotamie, et qui aujourd’hui sont formulées à travers des graphiques, équations et modèles si essentiels à l’élaboration des énoncés de vérité dans les sciences humaines et naturelles modernes et dans la formulation des « énoncés de vérité économique » qui façonnent les décisions entrepreneuriales et politiques aujourd'hui. Ainsi, la recherche permet de saisir les dernières évolutions, encore naissantes, de ces questions générales, pour poursuivre le projet que Foucault a décrit comme une « histoire critique de la pensée », tout en restant fidèle à la méthodologie et à la vision formulées par Foucault, l'un des « fondateurs de discursivité » post-Lumières des plus importants et des plus subversifs.