Mahiye Seçil DAGTAS

Discipline
Anthropologie
Pays
Canada
Mahiye Seçil DAGTAS
Période

Octobre 2020 à Juin 2021

Biographie

Seçil Daǧtaș est professeure adjointe au Département d’anthropologie de l’Université de Waterloo et membre de la Balsillie School of International Affairs. En 2014, elle a obtenu son doctorat du Département d’anthropologie et du Programme conjoint en études sur les femmes et le genre à l’Université de Toronto après une maîtrise en anthropologie sociale à l’Université York et un baccalauréat en sociologie à l’Université du Bosphore d’Istanbul. En 2017-2018, elle a été résidente au Collegium de Lyon. Anthropologue politique, Seçil Daǧtaș se spécialise dans la politique de genre et la gouvernance séculière de la diversité religieuse, le déplacement des minorités et des réfugiés, le nationalisme religieux et le potentiel politique des rapports sociaux quotidiens au carrefour de l’Europe et du Moyen-Orient. Ses travaux actuels examinent comment l’intersection de la religion et du genre façonne les politiques des frontières en Turquie et explorent les possibilités et les limites politiques de la solidarité, condition de coexistence en milieu urbain de groupes divers de réfugiés syriens et de citoyens turcs. Elle s’intéresse tout particulièrement à la façon dont les espaces genrés le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie remettent en cause les approches humanitaire et état-centrique de la réinstallation des réfugiés et amènent à ne plus circonscrire la compréhension du politique autour des institutions officielles et des idéologies.

Projet de recherche

Politique de genre et assemblages religieux dans le contexte des déplacements en Turquie


Depuis le début de la guerre syrienne en 2011, plus de 3,5 millions de Syriens et de Syriennes ont fui vers la Turquie. La majorité habite les centres urbains des grandes villes industrielles et les provinces frontalières, s’intégrant dans le tissu social du pays. Ce projet, qui repose sur un vaste terrain de recherche réalisé dans la province de Hatay, limitrophe de la Syrie, traite des liens sociaux entre les réfugiés syriens et les minorités ethnoreligieuses d’origine arabe dans le contexte de leur expérience commune de déplacement. Par l’entretien ethnographique et l’observation participante ayant pour objet les organisations de femmes dirigées par des Syriennes et des Turques, les initiatives de quartier et les lieux de culte institutionnels et populaires, ces travaux mettent en exergue la prépondérance du genre et de la religion dans la construction de politiques des frontières en l’absence d’une procédure légale structurée de gestion de l’asile. Je soutiens que dans les espaces sociaux genrés où cohabitent Syriens et minorités locales, se mêlent les réseaux de soutien quotidiens, l’appartenance religieuse et l’hospitalité aux rapports agonistiques caractérisés par l’ambiguïté, la méfiance ou l’indifférence mutuelle. Révélateurs de la précarité de cette cohabitation religieuse, ces rapports exigent que nous portions notre réflexion au-delà de l’action politique conventionnelle, et perturbent les approches humanitaire et état-centrique de la réinstallation des réfugiés, en Turquie et ailleurs.

Ressources