Avril à Juin 2017
Aftab Alam est né à Patna en Inde. Il a exercé en tant qu’avocat en droit pénal, en droit du travail et en droit constitutionnel au sein de la Haute Cour de Patna où il a été nommé avocat principal à l’âge de 36 ans. Il a ensuite exercé en tant que juge de la Haute Cour de Patna durant plus de dix-sept ans et en tant que juge de la Cour suprême d’Inde pendant six ans. Il fait partie des rares personnes qui ont davantage d’expérience du métier de juge que de celui d’avocat qui occupe habituellement la majeure partie d’une carrière dans la magistrature indienne. Durant son passage à la Cour suprême, Aftab Alam a rendu des jugements qui ont fait jurisprudence sur les condamnations en matière criminelle, le journalisme d’investigation durant la procédure pénale, l’aide publique au pèlerinage Haj et en matière d’environnement et de droit des brevets. Après s’être retiré de la Cour suprême, il a été nommé président du Tribunal de résolution et d’appel des différents en matière de télécommunication. En-dehors du droit, Aftab Alam apprécie particulièrement la poésie urdue et persane traditionnelle et s’intéresse aux études sur le soufisme. Une fois sa retraite prise en juin 2016, Aftab Alam compte se consacrer notamment à la poésie.
"(In)justice dans la poésie Urdu : entre Ghalib et Faiz"
Dans un premier temps, ce projet vise à examiner le sens de l’(in)justice dans l’œuvre de Ghalib, tant dans sa poésie en urdu que dans ses lettres. Dans un second temps, il s’agit de le comparer avec l’idéal de la justice tel qu’il est présenté dans l’œuvre de Faiz Ahmad Faiz. Ghalib (1797-1869) est reconnu comme l’un des plus importants poètes ayant écrit en urdu et malgré le siècle qui les sépare, Faiz (1911-1984) est lui aussi considéré comme un grand poète d’expression urdu. Ghalib et Faiz ont tous deux vécu à des tournants majeurs, et pourtant très différents, de l’histoire du sous-continent Indien. Ghalib a vécu un temps où le pouvoir colonial britannique, après la révolte de 1857, prit finalement l’avantage sur Delhi et l’emporta sur le dernier symbole restant de l’Empire Moghol si bien que l’ordre social et juridique Moghol s’écroula. C’est dans ce contexte de chute de l’ancien régime, que Ghalib a écrit son œuvre poétique. Conscient des tensions sociales de son temps, un des couplets de Ghalib dit « La foi me retient lorsque je suis attiré par l’hérésie ; la K’aaba est derrière moi tandis que l’Eglise se tient face à moi ». Un siècle plus tard, Faiz assista à la chute du pouvoir colonial en Inde. La liberté du sous-continent a cependant amené sa division, ce qui déclencha l’une des pires périodes de lutte sociale et de tuerie communautaire dans l’histoire du monde. Imprégné d’une vision marxiste du monde, Faiz a initié l’avènement de l’ordre post-colonial, mais a aussi vu dépérir le rêve d’un ordre social juste. , Faiz a écrit sur le matin de l’indépendance qu’il « était un lever nocturne et qu’il ne montrait que des traces disparates de lumière ; ce n’était pas là l’objet de leur quête. » Ces deux périodes de l’histoire vécues par Ghalib et Faiz ont vu émerger des changements profonds au point de modifier les fondements mêmes de leur société. Il est donc intéressant et instructif d’examiner comment ces changements historiques ont impacté l’idée de la justice. Cette étude cherche à identifier les thèmes de la loi, des droits et de la justice dans la poésie de ces deux hommes, de replacer ces articulations dans le milieu socio-politique de leurs temps et d’élargir les perspectives de cette réflexion.