Suleiman MOURAD

Poste

Professeur de religion, Smith College, Northampton, Etats-Unis

Discipline
Histoire
Pays
Etats-Unis
Suleiman MOURAD
Période

7-18 janvier et mai a juin 2019 en tant que membre associé (résidences précédentes : mai à juin 2018 et octobre 2012 à juin 2013)

Membre associé·e
Biographie

Suleiman A. Mourad est professeur de religion au Smith College, États-Unis. Ses recherches portent sur l'histoire islamique et la pensée religieuse, le Coran, Jérusalem, l'idéologie du jihad et sur les défis de la modernité qui ont conduit à des changements majeurs dans la perception et l'attitude des musulmans vis-à-vis de leur propre histoire et pensée classique. Ses publications inclus The Intensification and Reorientation of Sunni Jihad Ideology in the Crusader Period (Brill 2013), and The Mosaic of Islam (Verso 2016) / La mosaïque de l’islam (Fayard 2016). Ses recherches ont bénéficié de bourses pretigieuses, telles que celles du National Endowment for the Humanities, États-Unis (2008-2009), de l'Institut d'études avancées de Nantes, France (2012-2013) et de la Fondation Alexander von Humboldt en qualité de chercheur expérimenté, Allemagne (2013-2014). Il a été conseiller historique sur plusieurs documentaires, dont The Sultan and the Saint (PBS TV, 2017), Jésus et l’islam (ARTE TV, 2015) et Jerusalem: Center of the World (PBS TV, 2008).

Projet de recherche

Violence et non-violence dans les pratiques et les textes fondateurs de lIslam

Le débat actuel sur la question de savoir si l’Islam autorise ou prohibe la violence est imprégné de controverses politiques et religieuses, et a façonné le débat public sur l’Islam à tout point de vue. On ne peut contester que les Musulmans qui commentent des violences de nature religieuse ou politique, trouvent légitimité et approbation dans un large ensemble de textes historiques et religieux ainsi que dans des pratiques religieuses historiques. Il existe également une tradition de non-violence, qui parcourt toute l’histoire de l’Islam et qui se manifeste dans un riche héritage marqué par une diversité et une tolérance religieuse et idéologique au sein de la communauté musulmane et entre les Musulmans et les non-Musulmans. Ces deux traditions ont été regardées comme opposées et exprimant des visions du monde contraires. Je plaide pour un abandon de cette structure binaire du problème : soit l’islam est violent, soit l’islam est non-violent, cette forme de l’Islam est non-violente, celle-là est violente, etc. Au contraire, mon projet de recherche vise à étudier la violence et la non-violence en Islam en tant que miroir d’un conflit non résolu tant par les textes fondateurs (à savoir, le Coran, le Hadith de Mohammed, etc.) que dans les traditions et les pratiques formées historiquement. L’objectif poursuivi par cette recherche est de saisir la nature et la logique de cette lutte, et les façons dont elle a agi sur les pratiques violentes et non-violentes mises en œuvre par les Musulmans.

Bibliographie

MOURAD, Suleiman, KOLTUN-FROMM, Naomi, DER MATOSSIAN, Bedross (eds.). Routledge Handbook on Jerusalem. London: Routledge, 2019. 436 p.

MOURAD, Suleiman. “What Inspires Non-Violence and Violence in Islam? Some Religious and Historical Factors.” In Violence and Non-Violence Across Time: History, Religion and Culture. Ed. Sudhir Chandra. London: Routledge, 2018. Pp. 53–77.

MOURAD, Suleiman. “Why Did Ibn Taymiyya Hate Mount Lebanon? An Inquiry into the Medieval Ideology of Muslim-on-Muslim Violence.” In In the House of Understanding: Histories in Memory of Kamal Salibi. Eds. Abdul Rahim Abu Husayn, Tarif Khalidi, and Suleiman A. Mourad. Beirut: American University of Beirut Press, 2017. Pp. 373–388.

MOURAD, Suleiman. La Mosaïque de l’Islam. Entretien sur le Coran et le djihadisme avec Perry Anderson. Coll. Poids et mesures du monde. Paris: Fayard, 2016. (The Mosaic of Islam, Verso, 2016). 179 p.

MOURAD, Suleiman, LINDSAY, James E. The Intensification and Reorientation of Sunni Jihad Ideology in the Crusader Period. Leiden : Brill, November 2013. 222 p.

Ressources

Projet de recherche : Violence et non-violence dans les pratiques et les textes fondateurs de l’Islam

Le débat actuel sur la question de savoir si l’Islam autorise ou prohibe la violence est imprégné de controverses politiques et religieuses, et a façonné le débat public sur l’Islam à tout point de vue. On ne peut contester que les Musulmans qui commentent des violences de nature religieuse ou politique, trouvent légitimité et approbation dans un large ensemble de textes historiques et religieux ainsi que dans des pratiques religieuses historiques. Il existe également une tradition de non-violence, qui parcourt toute l’histoire de l’Islam et qui se manifeste dans un riche héritage marqué par une diversité et une tolérance religieuse et idéologique au sein de la communauté musulmane et entre les Musulmans et les non-Musulmans. Ces deux traditions ont été regardées comme opposées et exprimant des visions du monde contraires. Je plaide pour un abandon de cette structure binaire du problème : soit l’islam est violent, soit l’islam est non-violent, cette forme de l’Islam est non-violente, celle-là est violente, etc. Au contraire, mon projet de recherche vise à étudier la violence et la non-violence en Islam en tant que miroir d’un conflit non résolu tant par les textes fondateurs (à savoir, le Coran, le Hadith de Mohammed, etc.) que dans les traditions et les pratiques formées historiquement. L’objectif poursuivi par cette recherche est de saisir la nature et la logique de cette lutte, et les façons dont elle a agi sur les pratiques violentes et non-violentes mises en œuvre par les Musulmans.

Précédent projet de recherche (résidence 2012-2013) : "La radicalisation de l’idéologie du djihad dans la Syrie des Croisés : Fanatisme religieux ou manipulation politique ?"

Ce projet de recherche vise à analyser un certain nombre d’œuvres produites sur le jihad en Syrie au cours de la période des Croisades, et qui n’ont pas été utilisées dans les études universitaires modernes sur la réponse des musulmans aux Croisades ou au djihad dans l’islam. Le projet se décline en quatre temps : tout d’abord, il s’agira d’étudier ces œuvres, analyser leurs introductions et les grands thèmes qu’elles couvrent, puis déterminer l’image du djihad dont elles font la promotion. Dans un deuxième temps, il sera intéressant d’examiner l’implication des dirigeants dans le financement et la promotion de ces œuvres. Troisièmement, il sera question des savants qui les ont produites, pour déterminer ce qui les a influencés et comment leurs œuvres sur le jihad ont influencé les savants ultérieurs. Quatrièmement, une enquête sera menée sur les manœuvres des dirigeants musulmans qui ont poursuivi des ouvertures diplomatiques avec les chefs locaux des Croisés et des Européens tout en soutenant activement des érudits qui ont rédigé et diffusé des visions militantes du djihad contre les Croisés et les autres musulmans.