Depuis 15 ans, l’Institut d’études avancées de Nantes a su s’imposer comme un lieu d’excellence académique, encourageant la réflexion interdisciplinaire sur les fondements de nos sociétés. Au-delà d’une simple rétrospective, cet anniversaire est l’occasion de questionner l’avenir de ce lieu et de réfléchir aux défis à venir à la lumière de son projet scientifique.
Contributions
Les 450 fellows accueillis depuis l’origine, venus des quatre coins du monde, représentent une grande diversité de disciplines qu’ils ont mises en dialogue en explorant de nouvelles voies de réflexion. Ce brassage intellectuel est au cœur de l’identité de l’Institut, offrant un espace de liberté académique propice à la pollinisation des savoirs.
Pour ce 15ème anniversaire, un appel à contribution leur a été soumis avec deux thèmes au choix : que représente pour eux l'idée d'"Habiter le monde autrement" et comment imaginent-ils l'Institut dans 15 ans.
Ces regards croisés sur l’avenir de l’Institut contribuent à la fois à refléter quelques uns des axes intellectuels qui se sont déployés ici, tout autant qu'à en dessiner un futur souhaitable. Certains ne manquent pas d'humour et c'est heureux !
Conférences
Trois conférences sont venues nourrir le propos scientifique de cette semaine d'anniversaire.
La conférence inaugurale a été donnée par le professeur Souleymane Bachir Diagne, membre associé de l’Institut, parrain de la Chaire Arts, sociétés et mutations contemporaines, professeur de philosophie à l’Université de Columbia à New York.
Par sa réflexion philosophique sur l’universel, il nous a permis d’appréhender une première manière de penser les communs, axe structurant du nouveau projet scientifique.
Nous avons eu également le privilège d’accueillir Geetanjali Shree et Annie Montaut. Toutes deux anciennes fellows de l’Institut, elles nous ont fait l’amitié de venir à Nantes pour parler du livre Ret samadhi. Au-delà des frontières de G. Shree, récipiendaire de l’International Booker Prize 2022 et du Prix de l’Inalco pour la traduction française d’Annie Montaut.
Cette aventure littéraire questionne les frontières et les limites : celles des femmes dans la société indienne tout autant que les frontières géographiques, de genre, et même dans le langage lui-même. Cet art de la transgression résonne à l’Institut comme une illustration du pas vers l’extérieur de tout Fellow venant ici confronter ses recherches avec celles d’autres chercheur.euses du monde entier.
Enfin, Camille de Toledo, artiste, écrivain et également membre associé de l’Institut, a présenté sa réflexion en cours sur la finitude et l’infinitude dans la pensée écologiste du futur. Une tentative d’insuffler de l’espoir dans un combat qui semble entravé par bien des limites.
« Face à ces narrations qui s’appuient sur l’hybris infini de la puissance humaine, l’écologie - la pensée des attachements terrestres - semble bien souvent coincer dans les récits d’épuisement, de finitudes, de limites planétaires. En somme, nous serions condamnés à cette alternative : la séduction de l’infini d’un côté. Et de l’autre, une pensée, une politique de la finitude. Seulement - et c’est là tout notre effort - il y a chemin pour infinir l’écologie, pour faire du rattachement, de la reliaison aux entités de la nature, aux corps du monde, un infini. »