Deux classes de lycées de première et terminale du lycée Albert Camus de Nantes sont venus à l'institut d'études avancées dans le cadre de leurs enseignements sur les droits de la nature. Ils ont visionné dans nos locaux le documentaire "greenjustice, quand la nature porte plainte" réalisé par Stenka Quillet et ont poursuivi la discussion avec Remy David, responsable de la mission Loire de Nantes Métropole, ancien élève du lycée et membre du conseil des témoins, et Caroline Lanciaux coordinatrice du projet Vers une Internationale des rivières.
Greenjustice quand la nature porte plainte
Notre planète brûle et les ONG semblent débordées par le nombre de situations catastrophiques à gérer... Dès qu'un feu s'éteint, à l'autre bout du monde, un autre s'allume. Désormais, des militants d'un nouveau genre planchent pour porter plainte au nom de la nature. Ce sont des avocats, des juristes qui prennent le relais des traditionnelles ONG. Des rangers en col blanc dont les clients sont des rivières, des forêts, des animaux sauvages. Ils militent pour que la nature soit reconnue comme une personne juridique afin de porter plainte en son nom. Ils cherchent toutes les failles des textes de lois et s’attaquent aux ennemis de la nature sur leur propre terrain afin de les trainer devant les tribunaux. Le droit comme arme face à une urgence et à des dirigeants qui privilégient l'exploitation économique de ces ressources, quitte à détruire l'environnement. Qui sont ces avocats de la Terre ? Des îles Galapagos en Equateur à la forêt de Bialowieza en Pologne, en passant par la France et la Nouvelle-Zélande. Nous avons suivi leur combat contre Goliath. Comment-ils réussissent là où les ONG échouent ? Comment déjouent-ils les stratégies des multinationales et des États. Pour beaucoup, la justice verte représente aujourd’hui l’un des meilleurs espoirs, voire le dernier, pour sauver notre avenir sur Terre.
Témoignage de Aurélie Rebeyrat, professeure d'anglais au Lycée Albert Camus
Depuis l'an dernier, nous discutons de ce projet porté par Camille de Toledo avec ma collègue Frédérique Krupka, professeure de droit dans le même lycée. Une idée audacieuse d'accorder une personnalité juridique aux rivières. Cette rentrée, le thème est revenu en force. Avec mes élèves de première, nous avons exploré les défis du changement climatique, en partant d'un échange avec des militants du climat. « Que pouvons-nous faire en tant que jeunes adultes ? » leur ont-ils demandé. Cet exercice les a amenés à réfléchir aux meilleures stratégies pour défendre notre planète.
En parallèle, ils ont rencontré la classe de terminale de Frédérique, de la filière Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain, qui leur a expliqué : « Les entreprises ont une personnalité juridique, alors pourquoi pas la nature ? ». Cette idée a profondément marqué les élèves, qui se sont ensuite penchés sur l'exemple du fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande, le premier à obtenir le statut de personne juridique.
Pour approfondir leur réflexion, ils ont visionné à l'Institut d'études avancées de Nanres Green Justice et débattu avec Caroline Lanciaux et Rémy David sur les enjeux de justice environnementale. De ces échanges est né leur projet final : Act Green. Les élèves devront choisir un enjeu comme la pollution de l'air, la déforestation ou l'acidification des océans, et créer une affiche avec un slogan, des solutions, et un QR code menant à une association locale.
Cette année, nous intégrons une nouvelle dimension : le droit. Je leur ai demandé d’inclure un exemple de loi ou d’initiative légale pour protéger la nature. Cela les prépare aux conférences du 16 novembre, et qui sait, peut-être à un futur débat avec Caroline et Rémy sur la justice écologique !