La personnalisation juridique des entités de la nature ? Pourquoi le terme "internationale" ? Et la Loire ? Découverte de quelques engrenages du projet Vers une internationale des rivières et autres éléments de la nature.
crédit photo : bruno marmirolli
La personnalisation juridique des entités de la nature ? Premier engrenage du récit...
"À la source de ce projet, il y a une révolution dans la culture, qui passe par la personnalisation juridique des entités de la nature. Pendant des siècles, le droit moderne a considéré l'ensemble des forces naturelles non-humaines comme des objets ou des meubles ou des choses. C'est depuis le début de notre siècle, le XXIe siècle, que l'on voit différentes populations souvent autochtones, indigènes, qui demandent à ce que leur manière de voir le monde soit reconnue dans le droit et notamment souvent en considérant les montagnes, les forêts, les lacs, les rivières comme des êtres, des êtres agissants, des êtres avec lesquels on cohabite, on a des relations, on discute, on co-évolue."
Pourquoi le terme "internationale" ? Deuxième engrenage du récit...
"Avant tout parce que depuis le début du XXIe siècle, il y a cette chose magnifique, ce soulèvement légal de la Terre. On voit partout dans le monde des écosystèmes, à travers les revendications de populations humaines, qui accèdent au statut de sujet de droit. Pour les rivières, ça a été la Whanganui en Nouvelle-Zélande, l'Atrato en Colombie, le Magpie au Canada... ce qui est un changement très profond de nos manières de voir, de nos conceptions juridiques. Emerge ainsi une internationale géographique... Mais il y a aussi, dans ce mot, un appel à revenir au XIXe siècle, aux luttes pour les droits sociaux des travailleurs humains... Aujourd'hui, non seulement les corps humains sont épuisés par les cadences, les recherches de productivité, mais aussi, solidairement, les corps terrestres... Il s'agit donc de lire les dérèglements de la Terre, du climat, et l'épuisement de la nature comme des manifestations, des colères tendant vers une "internationale des travailleurs terrestres"...
crédit photo : bruno marmirolli
Et la Loire ? Troisième engrenage du récit...
"La Loire est le fil rouge, le personnage-clef de cette narration, une rivière comme un lieu de convergence, de confluence des récits, des branches du récit ; donc, pas un personnage héroïsé, solitaire, isolé des autres formes de vie ; plutôt, un grand corps terrestre qui relie un grand nombre d'autres personnages non-humains et humains pour être la chambre d'écho de leurs combats, de leurs luttes pour la reconnaissance... pour la vie ; parce qu'il faut à toute narration une histoire, un lieu, un corps... la Loire est ce corps-médian, ce corps-vibratoire qui lance notre récit de transformation..."
