Mai à juin 2024 (Membre associé 2023 / 2024). Résidences précédentes : Mai à juin 2019, mai à juin 2018 et mai à juin 2016.
Souleymane Bachir Diagne est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure. Agrégé de philosophie (en 1978), il obtient en 1988 son doctorat d’Etat en philosophie de l’Université Paris Sorbonne. Avant de rejoindre l’Université Columbia à New York en 2008, il a enseigné vingt ans la philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, puis huit ans à l’Université Northwestern, à Chicago.
Ses recherches et ses enseignements portent sur l’histoire de la logique mathématique, l’histoire de la philosophie, la philosophie islamique, ainsi que les questions de littérature et de philosophie en Afrique. Son livre Bergson postcolonial. L’élan vital dans la pensée de Senghor et de Mohamed Iqbal a été couronné en 2011 par le prix Dagnan-Bouveret de l’Académie des sciences morales et politiques, l’année où il a également obtenu le prix Edouard Glissant de l’Université Paris VIII pour l’ensemble de son travail.
Ses publications les plus récentes sont : L’encre des savants. Réflexions sur la philosophie en Afrique ; Comment Philosopher en islam, Paris ; Philosopher en islam et en christianisme (avec Philippe Cappelle-Dumont).
Scènes de traduction
Il s’agit de montrer que la traduction est création de réciprocité, y compris dans les situations d’asymétrie et de domination comme l’espace colonial. Certes, la traduction manifeste le plus souvent entre les langues une relation de profonde inégalité mais il faut aussi s’aviser que la meilleure réponse à la domination linguistique, à la division en langues impériales et langues subalternes ou dominées, c’est encore la traduction. Ainsi étudiera-t-on en particulier le rôle des « interprètes de l’administration coloniale », ces intermédiaires qui souvent sont aussi devenus des traducteurs de cultures et de littératures orales dans la langue impériale montrant ainsi la valeur de savoir penser et créer de langue à langue. La transformation du statut d’interprète, de simple truchement en la position de traducteur, est un développement important qui sera objet de réflexion.
La seconde scène de traduction sera l’espace religieux dans lequel les langues se distribuent entre langues sacrées et langues profanes. Il s’agira ici de s’interroger sur les questions (théologiques, philosophiques, politiques) que pose l’acte de traduire, horizontalement pour ainsi dire, d’une langue proclamée sacrée dans d’autres langues humaines, la parole divine qui se sera elle-même déjà traduite, verticalement, dans les mots humains.
La troisième scène de traduction concernera ce que l’on convient d’appeler les « Timbuktu Studies », qui font référence, dans l’Ouest africain, à une tradition d’érudition écrite qui remet en question la définition essentialiste et réductrice des cultures africaines à l’oralité. Elle met en lumière également l’importance des clercs musulmans que l’on a appelés « les intellectuels non europhones ». L’étude de la tradition d’étude qu’ils ont établie dans des centres intellectuels dont le plus connu est Tombouctou permettra de poser également la question du devenir philosophique des langues africaines par la traduction.
Autour de ce projet, en fonction des différents axes, les résidents ainsi que des chercheurs invités partageront des réflexions qui pourront conduire à la publication d’un volume collectif sur les Scènes de traduction que voilà.
2016. Philosopher en islam et en christianisme (avec Philippe Cappelle-Dumont), Paris : éditions du Cerf.
2014. « Édouard Glissant : l'infinie passion de tramer », Littérature, n° 174, p. 88-91.
2013. L’encre des savants. Reflexions sur la philosophie en Afrique, Paris: Presence africaine et Codesria.
2013. Comment philosopher en Islam, Paris: Editions Philippe Rey.
2013. « On the Postcolonial and the Universal? », Rue Descartes, n° 78, p. 7-18.
2011. African Art as Philosophy. Senghor, Bergson, and the Idea of Negritude, Seagull, (trad. Ang.: Léopold Sédar Senghor: l’art africain comme philosophie, Paris: Riveneuve Editions, 2007.)
2011. « Philosopher en Afrique », Critique, n° 771-772, p. 611-612.
2009. « Individual, Community, and human Rights, a lesson from Kwasi Wiredu’s philosophy of personhood », Transition, an international Review, No. 101, pp. 8-15.
2003. « Islam et philosophie : leçons d'une rencontre », Diogène, n° 202, p. 145-151.