Les sociétés industrielles ne peuvent plus aujourd'hui s'ériger en modèle de développement. Avant même de détruire, pour l'ensemble des peuples, les équilibres environnementaux, elles se sont engagées dans une forme de déshabitation du monde qui compromet le maintien des formes humanisées de la vie. Sur cette question fondamentale, les systèmes de pensée qui ont fleuri au Sud du Sahara nous apportent un éclairage indispensable - et des pistes de réflexion. Ils nous offrent une leçon précieuse sur une notion marginalisée dans le Droit occidental, mais centrale dans ces systèmes : l'inappropriable.
La Terre y est en effet placée hors de tout commerce. Envisagée comme une instance tierce, libre et souveraine, garante des interdits fondamentaux, elle n'appartient qu'à elle-même.?Forgée au creuset du rite, cette conception organise toute la vie de la communauté et le partage du sol. Elle est par là même contraire à nos fictions juridiques et économiques qui permettent d'agir comme si la terre était une marchandise circulant entre propriétaires privés, et qui ont pour effet de nous déterritorialiser. Aussi, elle permet un autre mode d'habiter le monde. Cet ouvrage entend montrer quelques voies offertes par des sociétés africaines pour repenser le rapport à la Terre et redonner dès lors un futur aux générations à venir.
Danouta Liberski-Bagnoud
Après un cursus en anthropologie à l’Université Libre de Bruxelles, sous la direction bienveillante de Luc de Heusch, africaniste cinéaste du mouvement CoBrA, Danouta LIBERSKI-BAGNOUD s’est engagée sur la voie de l’ethnologie à la suite d’une rencontre avec les écrits, puis l’enseignement, de Michel Cartry, Directeur d’Études à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE, Paris), section des sciences religieuses. Dès 1982, elle a participé aux travaux du centre de recherche “Systèmes de pensée en Afrique noire”, jusqu’à sa dissolution en 2005. Docteur de l’EPHE, et titulaire d’une Habilitation à diriger des recherches (Université Paris X Nanterre), elle est actuellement Directrice de Recherche au CNRS, rattachée à l’Institut des Mondes africains. Elle mène des recherches comparatives dans l’aire voltaïque, à partir d’une expérience de terrain régulièrement réitérée entre 1981 et 2012 dans la région kasena au Burkina Faso et au Ghana. Privilégiant l’analyse des catégories de pensée, telles qu’elles sont mises en œuvre dans et par l’activité cérémonielle d’une société, ses travaux antérieurs ont porté sur les montages institutionnels qui façonnent, étroitement articulés l’un à l’autre, territoire et parenté.
18h
Bibliothèque Julien-Gracq
5, allée Jacques Berque – 44000 NANTES
Tél. 02 53 00 94 87
Rendez-vous culturel - Les Rencontres de la bibliothèque Julien Gracq
Des rencontres pour tous les curieux de la production des savoirs.
Au croisement des disciplines et des horizons géographiques, la MSH Ange-Guépin et l'IEA, Institut d'études avancées de Nantes, organisent un cycle de rencontres autour des écrits de leurs chercheur.e.s.