Vers une internationale des rivières et autres éléments de la nature (IREN)

L’Institut d’études avancées de Nantes en partenariat avec le Lieu Unique et Notre affaire à tous porte pour les trois années à venir, de 2023 à 2026, le projet Vers une internationale des rivières et autres éléments de la nature... Camille de Toledo, écrivain et chercheur associé à l’Institut d’études avancées (mandat 2023-2025), poursuit ici son travail sur les droits de la nature et la personnalisation juridique des écosystèmes.

Vers une internationale des rivières... est un récit mutant, partagé, collectif, qui sera ponctué par trois temps forts sur trois ans. Il s’agit de définir, à travers des auditions publiques, un nouveau scenario de bifurcation vers une « économie politique terrestre », en suivant l’hypothèse d’une extension des droits de la nature au XXIe siècle.

Les origines

L'Internationale des rivières étend à un "choeur de rivières, de lacs, de forêts..." ce qui a été proposé dans le processus dit du "parlement de Loire", initié en 2019 par le POLAU – Pôle Arts & urbanisme - et orchestré par Camille de Toledo, qui définit sa pratique narrative, artistique, tournée vers les métamorphoses, comme un "service public de l'imaginaire".

À travers un cycle d'auditions publiques, entre 2019 et 2021, le Parlement de Loire a déployé une fiction instituante pour envisager la création d’un parlement du fleuve, dans le but de reconnaître et défendre les droits et les voix de la Loire. Cette première étape du processus s'est achevée en 2021, par la sortie de l'ouvrage "Le fleuve qui voulait écrire" (2021) : un livre mis en récit par Camille de Toledo et paru aux éditions Manuella et LLL (Les Liens qui Libèrent).

Suite aux expérimentations menées lors des Assemblées de Loire en septembre 2021 à Tours, un collectif appelé "Vers un parlement de Loire…" s'est formé pour ouvrir, amplifier et étendre cette démarche à l’ensemble du bassin versant de la Loire, en dialogue et en lien avec d’autres processus en France, tels que « Assemblée populaire du Rhône », « Tavignanu Vivu », « SOS Durance vivante », ou la « Déclaration des droits de la Tet » dans les Pyrénées orientales...

 

Bruno Latour et Frédérique Ait-Touati auditionnés par Camille de Toledo lors des premières auditions du parlement de Loire à la chapelle Saint-Libert (Tours), le 19 octobre 2019 © Apolline Fluck

Le fleuve qui voulait écrire

Couverture de l'ouvrage "Le fleuve qui voulait écrire" (2021), mis en récit par Camille de Toledo et paru aux éditions Manuella et LLL (Les Liens qui Libèrent) en 2021

Le récit

La démarche qui porte le projet Vers une internationale des rivières... s'appuie sur les puissances transformatrices des récits étudiées par Camille de Toledo, notamment dans son dernier livre, Une histoire du vertige, autour de ce qu’il nomme les « habitations fictionnelles" : institutions potentielles, récits de métamorphose… La démarche  est soutenue par de nombreux chercheur·es, notamment Philippe Descola ou Marie-Angèle Hermitte. Elle cherche à donner un écho à un mouvement mondial qui voit petit à petit des communautés humaines reconnaître des droits à leurs milieux de vie, leurs paysages, leurs entités naturelles d’attachement...

Vers une internationale des rivières... est aussi un temps collectif, processuel, pour dessiner un monde à venir peuplé d’entités juridiques non-humaines et pour transformer les circulations de valeur, en détournant la plus-value, pour donner plus de puissance d’agir et d’autonomie d’action aux entités de la nature : afin d’instituer un contre-pouvoir favorable à la vie, au temps long, aux générations futures...

Le Conseil des témoins

Pour poser les bases de cette internationale, Camille de Toledo propose à un conseil composé de 12 citoyennes et citoyens - le conseil des témoins - un scénario inédit : alors que les entités de la nature, partout, se soulèvent pour revendiquer des droits, l'économie que nous connaissons se transforme. Les "travailleurs terrestres" s'unissent et font chanceler les édifices du productivisime, de la croissance. Souhaitons-nous voir advenir cette métamorphose ? Comment la provoquer, l'organiser, l'instituer ? Comment dessiner les contours de ce monde à venir, de cette autre espèce de futur où la Terre reprend ses droits ?

Le conseil des témoins, ce sont 12 visages, 12 vies, venues de divers métiers, diverses cultures, et de plusieurs générations ; elles et ils forment le conseil des témoins, dont la charge est d’acter, d’évaluer les étapes de cette bascule, de ce récit de bifurcation... et les phases d'émergence de cette nouvelle économie politique pour la vie.

conseil des témoins

Image : © Anne-Marie Filaire 

Les chercheuses et chercheurs associé.e.s

Venu·es de divers champs disciplinaires, des conseiller·es scientifiques sont appelé·es comme ressources, pour documenter et charpenter le scénario de bifurcation proposé par Camille de Toledo au conseil des témoins.
 

  • Marine Yzquierdo, Avocate, membre du conseil d’administration de Notre affaire à tous,spécialistes des droits de la nature.
  • Loic Blondiaux, Politologue, professeur de sciences politique à l’Université Panthéon Sorbonne – Paris I
  • Giacomo Parrinello, Historien, spécialiste de l’histoire environnementale à Sciences Po
  • Charlène Descollonges, Ingénieure hydrologue Co-fondatrice de l’association Pour une hydrologie régénérative
  • Gaëlle Charron, Enseignante-chercheuse à l’Université Paris Cité
  • Jérôme Gaillardet, Professeur de sciences de la Terre à l’Institut de Physique du globe
  • Marie-Angèle Hermitte, Directrice de recherche honoraire au CNRS, directeure d’études honoraire à l’EHESS
  • Gonzalo Sozzo, Professeur de droit civil, directeur scientifique de l’Institut d’Études Avancées du Littoral, Universidad Nacional del Litoral, Argentine
  • Olivier Remaud, Philosophe, Directeur d’études à l’EHESS
  • François Jarrige, Historien, maitre de conférences à l’Université de Bourgogne
  • Olric de Gélis, théologien, directeur de la chaire Laudato Si au collège des Bernadins
  • Philippe Descola, Professeur émérite au Collège de France, Laboratoire d’anthropologie sociale
  • Aurore Chaigneau spécialiste des droits de la nature, Professeure de droit privé et de droit comparé à l’Université Paris-Nanterre
  • Eloi Laurent, Économiste, enseigne à Standford University et à l’école des hautes études européennes
  • Sacha Bourgeois-Gironde, Professeur de droit et d’économie à l’Université Paris 2 et à l’Université de Haïfa, responsable de l’équipe Environnement : concept et normes» de l’École normale supérieure
  • Cyril Wolmark, Professeur de droit du travail à l’Université Paris-Nanterre
  • Sarah Vanuxem, Enseignante-chercheuse en droit privée à l’Université de Sophia-Antipolis
  • Frédérique Aït-Touati, Metteure en scène, chercheuse au CNRS
  • Matthieu Duperrex, Philosophe, directeur artistique d’Urbain, trop urbain
  • Michel Lussault, Géographe, professeur à l’Ecole normale supérieure de Lyon, créateur de L’École de l’anthropocène
  • Pascale Vielle, Professeure de droit social à l’Université de Louvain, Belgique
  • Olivier Leclerc, Directeur de recherche au CNRS, Centre de théorie et analyse du droit, CATD
  • Pierre Brunet, Juriste, professeur de droit public à Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Luis Mora Rodriguez, Philosophe, directeur de l’Institut d’études avancées de Nantes
  • Vincent Martigny, Politologue, professeur à l’Université de Nice et à l’École polytechnique
  • Perig Pitrou, Anthropologue au CNRS, responsable de l’équipe Anthropologie de la vie
  • Annick Vignes,  économiste, Directrice de Recherche INRAE. Chercheure au LISIS et chercheure associée au CAMS-EHESS
  • Antonin Pottier, économiste, enseignant chercheur à l'EHESS

Les  pollinisatrices et pollinisateurs

Le projet « Vers une internationale des rivières… » est reçu et transformé par des regards, des perspectives diverses, des sensibilités, notamment :

  • En documentaire par Camille de Chenay : cinéaste, réalisatrice notamment des derniers entretiens du philosophe Bruno Latour par Nicolas Truong pour Arte.
  • En dessin par Axelle Grégoire, architecte et co-autrice, notamment avec Alexandra Arènes et Frédérique Aït-Touati, du livre manifeste pour une cartographie terrestre, Terra Forma (éditions B-42).
  • En photographie par Anne-Marie Filaire, qui a publié Terres (La découverte, 2020) autour des paysages anthropisés du Grand Paris, et participé à diverses missions pour l’Observatoire photographique du paysage.
  • En chroniques, afin de situer le projet « Vers une internationale des rivières... » dans une histoire plus large des idées, par François Cusset, philosophe, écrivain, historien des idées et professeur à Paris-Nanterre.
  • En « fiction anticipatoire », par Nicolas Nova du Near Future Laboratory, suivant leurs pratiques de design fiction, qui consiste à matérialiser des futurs possibles pour interroger les conséquences de nos choix à venir.
  • En bande-dessinée avec Laurent Bonneau, auteur de BD, peintre, vidéaste. Co-auteur du bruit de l'eau, et "et il foula la terre avec légèreté' aux éditions futuropolis et de "ceux qui me touchent" aux éditions Grand Angle, finaliste du prix BD Fnac France Inter.

Le projet reste ouvert à des propositions de reprise, de saisie, de transformation, de prolongement... suivant les principes des « codes open source ». Il suit en cela les engagements pour un « service public de l’imaginaire » défendu par Camille de Toledo.

camille de chenay

Camille de Chenay photographié par Anne-Marie Filaire

Direction artistique et coordination