#15 ans de l'Institut - Ammara Bekkouche : Les architectes à l’épreuve de la transition écologique, héritages en perspectives

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Dans le cadre de la célébration des 15 ans de l'Institut, un appel à contributions a été soumis à tou.tes les ancien.nes Fellows et membres du Conseil Scientifique. Une simple demande, produire un court texte sur un des thèmes suivants :

  • Variation autour de « Habiter le monde autrement »
  • Imaginaire : que sera devenu l’Institut d’études avancées de Nantes dans 15 ans ?

Voici leurs réponses !

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Les architectes à l’épreuve de la transition écologique, héritages en perspectives 

Ammara Bekkouche

Face aux aléas climatiques et autres vulnérabilités qui affectent la planète, Habiter le monde autrement requiert des changements de paradigmes pour mieux gérer l’écoumène, promouvoir l’équité sociale et la valorisation des communs (Renault, 2017). 

En ce sens, la production architecturale est mise à l’épreuve de la transition écologique et des défis environnementaux inhérents aux enjeux écosystémiques de l’Anthropocène. Les signes annonciateurs paraissent avec le style minimaliste du Mouvement moderne  (1929) et les représentations de Frank Lloyd Wright réprouvant d’une part, la spéculation rentière ; tenant compte d’autre part, du contexte socio-culturel et du lieu d’implantation du projet. Sa posture imbriquant naturalisme et organicisme en symbiose avec le paysage, renvoyait implicitement aux notions de milieu et d’écologie. Conjointement, le Less is more de Mies Van Der Rohe (1947) exhorte au dépouillement ornemental et la sobriété, concourant ainsi à l’émergence du minimalisme contemporain. En fait, le concept avait déjà été appliqué au logement social suite aux besoins liés à la révolution industrielle. L’objectif de minimiser les coûts en optimisant les usages, garantissait l’accès au logement et atténuait les inégalités sociales. Depuis, comment se traduit le minimalisme dans la conception architecturale conséquemment à la transition écologique

En Algérie, Fernand Pouillon affirmait construire vite, mieux et moins cher (1956) en assurant la quantité et la qualité. La démarche humaniste d’Hassan Fathy en Egypte (1969), recommandait en outre, de compléter la formation des architectes par une connaissance des problèmes ruraux. De nos jours, au-delà du dilemme urbain/rural et des enjeux démographiques, la résilience urbaine et son corollaire la frugalité, élargissent la réflexion à l’échelle mondiale et à l’ensemble du vivant. En écho à l’économie circulaire et le care, leur connexion à la nature vise à mieux gérer la biodiversité, la participation citoyenne, la mixité socialel’équilibre entre le matériel et le spirituel. Autrement dit, la reconsidération des inégalités sociales en fonction de la valorisation des communs, implique de dépasser la dichotomie entre l’Etat et le marché et à privilégier la valeur d’usage sur la valeur d’échange. 

Dans cette perspective, l’Algérie a initié des politiques urbaines inclusives(2021)[1] induisant la formation des architectes en tant qu’acteurs de la transition écologique. S’il est encore tôt pour se prononcer sur les procédures conjecturées, on peut s’interroger sur les modalités d’ouverture à l’innovation locale au regard des spectaculaires tours végétalisées. Sans doute contribuent-elles aux impacts écologiques et esthétiques, il faut cependant noter que les coûts génèrent la disparité d’accès et la gentrification. D’où la question de l’engagement des architectes pour défier l’exclusion des faibles revenus[2] : comment concevoir avec et pour les usagers en faisant mieux et plus avec moins

Bibliographie

 

 

 


 

 

[1] Sous l’égide du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement).

[2] En 2020 les revenus faibles et pauvres représentent 61,4% de la population mondiale; les intermédiaires et moyens : 32,1% ; les élevés : 6,8%, https://www.pewresearch.org 

 

Ammara BEKKOUCHE