#15 ans de l'Institut - Patricia Hayes - Habiter le monde autrement…

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Habiter le monde autrement… 

Patricia Hayes

Si nous devions habiter le monde différemment, autrement, nous pourrions nous appuyer sur des compréhensions venues d'ailleurs. Pour y réfléchir, pour les critiquer, les passer au crible et les imaginer, différemment. 

IEA

En ce qui concerne les Grands Lacs d'Afrique centrale au cours des siècles passés, David Schoenbrun (1998) écrit que l'histoire du pouvoir est plus qu'une histoire de domination et de résistance ... C'est aussi une histoire de créativité et de notions dispersées et contradictoires de la texture du pouvoir. La créativité est ainsi mise sur un pied d'égalité conceptuelle avec la domination. 
Souleymane Bachir Diagne (2021) écrit sur l'accent mis sur la vie, la plénitude, la fécondité et la responsabilité qui imprègne la pensée africaine et qui apparaît dans Négritude : Ce qui augmente la force vitale est bon ; ce qui la diminue, ce qui la déforce, comme le dit Senghor, .... est mauvais. Il y a aussi Césaire, qui présente l'opposition entre le mécanique et le vivant comme une opposition entre la connaissance scientifique qui nous laisse “pauvres” et “affamés” et la connaissance poétique qui vient avec la “plénitude” .    

Felwine Sarr, dans Afrotopia (2016), parle de l'écomythe du modèle de développement occidental qui a été imposé et largement intériorisé en Afrique à la suite du colonialisme, un enveloppement. La folie de l'Occident moderne, dit-il, consiste à poser sa raison comme souveraine. Maître et possesseur de la nature, ce modèle est l'inverse de l'humanité, consacrant la primauté de l'avoir sur l'être. Il est nécessaire de construire de nouvelles échelles de valeurs, et dans le cas de l'Afrique, elles seraient fondées sur ses cultures et ses onto-mythologies fécondes. Celles-ci pourraient aller dans le sens d'un rêve commun de vie, d'équilibre, d'harmonie et de sens. 

Patricia HAYES