#15 ans de l'Institut - Salvador Urrieta Garcia - Habiter le monde autrement

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Dans le cadre de la célébration des 15 ans de l'Institut, un appel à contributions a été soumis à tou.tes les ancien.nes Fellows et membres du Conseil Scientifique. Une simple demande, produire un court texte sur un des thèmes suivants :

  • Variation autour de « Habiter le monde autrement »
  • Imaginaire : que sera devenu l’Institut d’études avancées de Nantes dans 15 ans ?

Voici leurs réponses !

Terrasse

Habiter le monde autrement

Salvador Urrieta Garcia

 

Nous vivons dans un monde majoritairement urbain, c’est-à-dire où la plupart de la population vit dans les villes. Nous devons visualiser l’avenir de la planète de la même manière.

Nous voyons aujourd’hui un monde inégal où se côtoient des pays puissants et hégémoniques et des pays pauvres et isolés. La vie dans les villes est également inégale : il y a des villes riches, des villes pauvres et d’autres qui survivent tout juste. On peut affirmer qu'un processus d'urbicide s'est produit, car l'idée traditionnelle de la ville est devenue anachronique pour les systèmes économiques financiers qui nous gouvernent et avec cela, tout le sens humain recherché dans les villes depuis des millénaires paraît également anachronique.

La notion du temps a changé, atteignant dans certains cas le vertige de la vitesse dans la vie quotidienne de l’instantané, soutenue par les TIC et changeant l'idée des relations sociales, dans un univers urbain commandé par une fonction de réseaux et l'utilisation d'appareils électroniques.

De nombreux habitants s’attendent à ce que les problèmes soient résolus grâce à la technologie et plus encore grâce à l’intelligence artificielle, et non grâce à l’usage humain que l’on peut en faire.

Avec la pratique de la vie quotidienne dans le cyberespace, la ville se dématérialise, la population se déterritorialise, la vie urbaine du contact humain se perd et avec elle, la vie organique des quartiers. Tout cela nuancé par les contextes locaux (social, économique, culturel, etc.)

À l’échelle mondiale, des impondérables tels que la COVID-19 et les effets du changement climatique surgissent et nous font réfléchir sur le monde dans lequel nous vivons. Ainsi, nous avons des inondations, des incendies, des sécheresses qui changent la vie de nombreuses personnes, ce qui entraîne des migrations de milliers de personnes qui recherchent une meilleure façon de vivre (et souvent juste survivre) et elles vont péniblement d'une ville à l’autre.

Si ces événements naturels qui se transforment en catastrophes d’origine anthropique ont montré quelque chose, c’est bien la nécessité de retrouver la vie en tant que communauté, car la meilleure façon de faire face aux catastrophes est la solidarité proactive et non la compétition réactive. Ce principe est présent depuis la genèse des villes et apparaît aujourd’hui lorsqu’il faut penser à l’avenir des villes et aux vicissitudes qui en découleront inévitablement.

Face à ce panorama, nous faisons appel à l'histoire : par exemple lors des XVIe et XIXe siècles, les actions guidées par les concepts d’utopie d’alors, qui ont été menées pour recomposer le cours des sociétés et de leurs villes. C'est pourquoi nous nous demandons : comment créer de nouvelles utopies pour l’avenir ?

Il nous semble que chaque ville (et éventuellement chaque quartier) doit construire sa propre utopie, basée sur l'innovation sociale, qui cherche à harmoniser de bas en haut les différentes réalités urbaines, en reconnaissant l'autre, en tissant un monde urbain véritablement plus humain, avec une pensée interdisciplinaire et en tenant compte de l'essentiel plutôt que du superflu (souvent un produit de la consommation). Puisque le monde socioculturel est divers, nous devons l’habiter de façon collaborative et participative. 

Salvador URRIETA GARCIA